La piscine
Pendant les vacances, je suis allée à Lille avec une amie. Le deuxième jour, quand le soir descendait, que l'on marchait sous une petite pluie verglaçante, que mes gants étaient mouillés et que mon parapluie n'arrêtait pas de se retourner, je me disais, qu'au retour, ce serait oublié et qu'il ne resterait que les bons souvenirs.
A chaque petite rentrée, je demande aux élèves d'écrire une chose sur leurs vacances. Une seule, pour éviter que certains aient une liste d'une page entière et que d'autres n'aient presque rien à raconter. Je me suis dit que j'allais faire pareil ici : ne pas vous détailler mes trois jours à Lille mais choisir juste un moment.
Avant de partir, des gens m'ont donné des conseils. "Tu vas à Lille pour l'exposition Modigliani ?" Je ne savais même pas que c'était dans le coin. "Il faut que tu ailles à Roubaix, à la piscine". Je me suis dit alors qu'il faudrait que j'emmène mon maillot de bain. Mais non, la piscine est un musée. Un très beau musée. A voir. J'ai choisi cet endroit pour mon billet.
En rentrant, je n'avais finalement plus envie d'écrire quoi que ce soit. Ces trois jours étaient terminés, ils étaient derrière moi. Et puis, en sortant un marque-page et une carte postale de mon sac, je me suis replongée dans l'ambiance du lieu.
La piscine est une ancienne piscine art déco, construite dans les années 20. Il reste un bassin, plus court et plus étroit qu'au départ. Autour, il y a du plancher en bois vernis et des sculptures. Il y a encore les cabines, ouvertes, et le sol des douches. Il y a des salles, des toutes petites et des plus grandes. Des tissus, des vêtements et des tableaux sont exposés. A l'endroit des tableaux, on peut voir la baignoire des hommes, en forme de sabot, et, en prenant un petit escalier, la baignoire blanche des dames. Chacun avait le droit à un quart d'heure.
Autour du bassin, nous nous sommes assises sur des petites marches. Nous sommes restées là un bon moment, sans parler, juste à écouter le bruit de la petite fontaine et à regarder la lumière sur l'eau.
Je n'ai pas voulu emporter mon appareil photo mais j'ai essayé de prendre quelques photos avec mon téléphone. Je l'ai mis devant une robe noire avec des touches de couleur. Sur l'écran, je voyais les cabines qui se reflétaient dans la robe, des cabines qui apparaissaient colorées. Mais impossible de prendre la photo. Question de lumière sans doute. J'ai essayé de prendre mes pieds. Le téléphone voulait bien.
En sortant, je suis allée acheter une carte postale pour mon ex belle-mère et un marque-page pour moi, la reproduction d'un morceau de tableau qui nous avait amusées. Madame reçoit.
En rentrant, j'avais un rendez-vous chez le dentiste, pour un petit bout de dent qui s'était cassé. Finalement, j'ai eu le droit à une dévitalisation et à l'extraction des bouts de molaires restants. Plus d'une demi-heure de stress. Je n'ai pas eu mal, à part pendant la piqûre, mais je déteste ce genre de situation. En sortant, en attendant le bus, un peu mouillés par une averse, j'ai repensé à la piscine et à la quiétude du lieu.