Jim
Je pense à mon ami Jim.
C’était il y a longtemps.
Nous marchions sur une route désolée des Cévennes, au milieu des arbres calcinés par un incendie récent. Il me parlait du sable blanc des plages de l’Alabama. Dans son anglais très compréhensif, il m’a expliqué :
— Tu es là, assis, devant la mer, et tu éteins juste ta radio intérieure.
Et, avec sa main, il a fait semblant de tourner un bouton sur sa tempe.
Je suis dans l’autobus et je baisse la volume de ma radio (mais sans faire aucun geste). Je ralentis la vitesse de mes pensées. Il n’y a plus qu’un bruit de fond.
Le bus passe devant le Printemps. En hauteur, sur la façade, il y a quatre énormes statues de femmes, deux à demie nues, une dénudée, une dernière habillée et tenant ses enfants contre elle.
Cela fait des années que je passe régulièrement par ici. Je ne les avais jamais vues.